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SELLERIE

AUTOPSIE DE L'EXISTANT

Par chance la voiture m'a été vendue avec ses sièges et ses garnitures latérales. Même en mauvais état, ces éléments constituent une source d'informations précieuses pour envisager une refabrication. Je les démonte précautionneusement en commençant à imaginer comment je vais pouvoir les reconstruire.

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CHOIX DES MATERIAUX ET DE LA MACHINE

En 1926, année de la construction de ma voiture, l'objectif d'André CITROEN était de fabriquer des automobiles à un prix abordable pour le plus grand nombre. Donc pas de luxe, et notamment pas de cuir dans le revêtement des sièges, mais du similicuir que l'on appelait à l'époque la 'moleskine'. Les sièges de ma voiture seront donc recouverts de skaï. Je me suis documenté et je vais essayer de reproduire les 'cotes de melon', aux coutures invisibles, comme à l'origine. Pour ce qui est de la structure, elle sera comme à l'origine: des ressorts de tapissier fixés sur un châssis en bois.
Avant de me lancer dans la version définitive je fais des essais notamment de couture avec du simili acheté localement et une machine à coudre (héritée de ma grand mère) à pédale, certes peu performante pour un novice comme moi, mais robuste. Les résultats sont encourageants, mais je me rends vite compte que ma machine n'est pas à la hauteur. J'achète donc une vrai machine à coudre à 'triple entraînement' à un artisan tapissier de Saône-et-Loire qui vient de prendre sa retraite. Une machine certes pas jeune, mais simple et robuste.

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REFABRICATION DES SIEGES

Pour chaque élément (siège AV et AR et dossier AV et AR) le mode opératoire est le même: réalisation du cadre en bois, confection de l'armature en tige acier, mise en place des ressorts et des agrafes, puis mise en place de la toile de jute, du crin, de la toile intermédiaire, et enfin du revêtement en skaï.

Sur les éléments de sellerie fournis avec la voiture j'ai découvert plusieurs types de construction. Ainsi dans le siège AR les ressorts sont maintenus entre eux par du feuillard, alors que dans le siège AV ils sont reliés entre eux par des agrafes. Pour les dossiers c'est exactement le contraire. Je suppose que certains éléments ont été refaits. Comment savoir lesquels sont d'origine ? Je décide donc de me lancer d'abord aves des bandes de feuillards. D'après ce que j'ai lu, l'important est que les ressorts soient maintenus entre eux de façon à ce qu'ils puissent se rapprocher mais pas s'écarter.
La confection et la mise en place des bandes feuillards et des rivets est assez longue. Aussi je décide de réaliser un outillage pour fabriquer les agrafes et je confectionne la deuxième assise avec des ressorts maintenus entre eux par des agrafes. C'est plus rapide et plus facile à monter pour un résultat qui me semble aussi valable.

Une fois le cadre réalisé, les ressorts fixés au cadre et reliés entre eux par les agrafes, je pose la toile de jute.

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Vient ensuite une étape cruciale qui est la pose du crin 'cardé', c'est à dire travaillé par une main expérimentée de façon à constituer une couche très régulière en épaisseur et en densité. Tout cela pour assurer un confort maximal à tous ceux qui poseront leurs fesses sur le siège. Je vous passe les argumentations sur le choix crin végétal versus crin animal, pour vous avouer que mon choix s'est porté sur un produit prêt à l'emploi trouvé chez ART TAPISSERIE qui s'appelle ELANCRIN latexé. Il s'agit de plaque de crin végétal déjà cardé, et imprégné d'un latex ce qui maintient les fibres ensemble. C'est vendu en 2 épaisseurs (2 et 4 cm) en plaque de 1 x 0.60 m, ce qui me convient parfaitement. Je n'ai qu'à couper la plaque aux dimensions de la banquette, puis la coudre sur toute sa périphérie pour l'immobiliser.

Avant de poser le revêtement final je recouvre le crin avec une grosse toile. Pour cela j'utilise des draps de lin que ma mère m'a donnés.

Vient le moment de s'intéresser au revêtement final: les fameuses 'cotes de melon' ou 'cotes bourrées' aux coutures invisibles. La lecture de divers ouvrages notamment anglais et le visionnage de vidéo de spécialistes sur YouTube  m'apprennent les secrets de la réalisation des 'cotes bourrées'. Il faut coudre le simili, replié endroit contre endroit, au tissu, selon le schéma ci-dessous. On réalise d'abord la couture 1, puis la 2, puis la 3 et ainsi de suite. Cela permet de constituer des tubes qui seront ensuite garnis de ouate. Pour bien faire les choses je trace des parallèles aussi bien sur l'envers du simili que sur le tissu.

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Une fois le panneau réalisé il faut l'assembler avec le passepoil, puis avec les bandes qui recouvriront l'épaisseur de la banquette.

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Je peux maintenant revêtir les éléments de manière définitive:

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REFABRICATION DES GARNITURES DE PORTES

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Réalisation des pochettes

Pour les pochettes (rabats qui recouvrent les vide-poches) j'ai d'abord fait des essais de collage des différents constituants, avec différentes colles. La structure que j'ai retenue est la suivante:

  • Ame constituée de deux couches de toile de jute enduite de plastique transparent, collées dos à dos (face enduite de plastique contre face enduite de plastique) après avoir poncé le plastique avec un gros grain. J'ai trouvé la toile de jute enduite de plastique dans un magasin de tissu. La vendeuse m'a dit qu'elle vendait ça à des créatrices de sacs à main...

  • Motif au logo CITROEN et bande en forme de U découpés dans du carton épaisseur 2 mm environ

  • Collage du logo et de la bande sur l'âme.

  • Collage du revêtement skaï de la face, puis plusieurs passages d'une roulette le long du logo et de la bande en carton pour marquer l'embossage (en relief), puis mise en place d'un gabarit négatif d'épaisseur 2,5 mm et mise sous presse pendant 24 heures.

  • Rabattage des bords sur l'arrière, puis collage du revêtement à l'arrière

  • Couture le long du pourtour extérieur de la bande en forme de U

La colle utilisée est une colle contact néoprène.

Les garnitures des portes sont constituées d'une âme en 2 parties, recouvertes de skaï, collé et agrafé. La partie supérieure est faite d'une bande de bois d'épaisseur 11 mm environ, arrondie sur sa face, sur laquelle est cloué un carton fort (ép. 3 mm) pour la partie inférieure. Les renforts inférieur et supérieur sont assemblés entre eux par des petits clous. La partie supérieure est rembourrée par un genre de coton entre le bois et le skaï. Le pourtour de la garniture est complétée par un passepoil qui comble l'interstice éventuel entre la garniture et la porte. L'ensemble est fixé à la porte grâce à 3 languettes invisibles en partie supérieure et une dizaine de vis pour la partie inférieure.
J'ai commencé par faire des essais de formage d'une planchette de bois arrondie pour constituer la partie supérieure. Mais le résultat ne me paraissant pas satisfaisant je suis passé à un assemblage de planchettes d'isorel, collées alors qu'elles sont sous contraintes, pour épouser la forme de la porte. J'ai découpé la partie la plus fine de l'âme dans de l'isorel épaisseur 3 mm. Pour assembler les deux parties j'ai utilisés des vis poêliers M4 et des écrous circulaires décolletés que j'ai usinés moi-même.

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REFABRICATION DES GARNITURES LATERALES

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Pour les garnitures latérales fixes je dois combiner ce que j'ai fait pour les sièges et pour les garnitures de portes. En effet certaines parties sont habillées comme les garnitures de portes et les revêtements sont faits de 'cotes bourrées' comme les sièges. Je découpe les âmes dans de l'isorel épaisseur 3 mm, renforcé de tôle dans la partie étroite des garnitures AR et complété par des cales de bois comme à l'origine.

REFABRICATION DE LA CAPOTE

La voiture m'a été vendue avec les arceaux de la capote et des vestiges de toile.

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Les arceaux sont au nombre de 4. Si on les considère dans l'ordre, de l'avant vers l'arrière (n°1 à l'avant, n°4 à l'arrière) les arceaux 1, 3 et 4 ont une section rectangulaire alors que l'arceau 2 est rond. Les arceaux 1 et 4 sont recouverts de bois, ce qui permet de clouer la toile. Les arceaux 2 et 3 sont 'nus' et ne servent qu'à supporter la toile. Les revêtements bois ont une longueur de 1780 mm pour l'arceau 1, et de 2370 mm pour l'arceau 4.

L'arceau 1 de ma capote a dû être accidenté car il présente des déformations et plusieurs soudures. Le verrou de capote est même soudé à l'arceau, alors qu'à droite il est boulonné. Je décide donc de refaire l'arceau n°1. Pour cela il me faut trouver du profilé rectangulaire creux de 20 x 15 mm. Pas facile... J'en commande finalement 3 longueurs de 2 mètres, en Allemagne. En attendant que la commande arrive je prépare les revêtements en bois et je refabrique un verrou de capote.

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La toile de la capote est constitué de 3 épaisseurs: une couche de caoutchouc prisonnière entre 2 tissus coton. Etant donné que la toile à capote est assez onéreuse j'ai commencé par réaliser un prototype de capote dont les morceaux étaient découpés dans une vieille bâche.

La capote est en gros constituée de 2 rectangles et 4 triangles selon le schéma ci-dessous. La principale difficulté est de réussir à ce qu'une fois en place, dépliée, la capote soit tendue de la même manière partout. Les seules fixations aux arceaux sont:

  • la couture entre 1 et 2 qui est clouée sur l'arceau 4,

  • la lisière avant du rectangle 1 qui est clouée sur l'arceau 1.

J'ai commencé par réaliser les 2 sangles qui partent de la caisse à l'arrière et vont jusqu'à l'arceau 1 à l'avant, en étant solidaires de l'arceau 1 au passage. Puis j'ai assemblé les triangles 3 et 4 au rectangle 2.
Ensuite j'ai posé les 'Safetys' le long du bord inférieur de la toile, grâce à un outil 'maison'.

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Pour terminer, et cacher les têtes des clous, je fabrique une bande 'cache-clous' à l'aide d'une bande de toile à capote, et je complète ses extrémités par des 'embouts de cache-clous'.

L'ensemble a une bonne gueule !

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